Au Québec
La pratique infirmière avancée a évolué au fil des années afin de répondre aux besoins émergents du système de santé pancanadien. Elle poursuit son développement et établit sa raison d’être parmi les systèmes de santé mondiaux. Initialement, les infirmières travaillaient dans les milieux ruraux ou au nord du pays où peu de médecins étaient présents. Elles ont rapidement développé un rôle élargi et des programmes de formation ont été créés afin de former des infirmières praticiennes spécialisées.
1971 – Première formation en pratique infirmière avancée visant les IPS
Au Québec, la formation a été dispensée dès 1971. Ces infirmières ont essentiellement exercé dans le grand Nord québécois où la présence médicale était manquante. Ces infirmières devaient donc avoir un maximum d’autonomie, de débrouillardise et de connaissances pour répondre à des problèmes de santé divers, avec un soutien médical souvent à des centaines de kilomètres de leur lieu de pratique.
1990 – Projet pilote en néonatalogie
Il faudra ensuite attendre les années 1990 pour voir réapparaître pour la première fois un nouveau rôle de pratique infirmière avancée, avec un projet pilote implanté en 1994 en néonatalogie à l’hôpital de Montréal pour enfants et au CHU Ste-Justine. Tout comme nos homologues ontariens quelques années plus tôt, ces nouvelles infirmières praticiennes spécialisées en néonatalogie assumaient des fonctions normalement réservées aux médecins.
2000 – Premiers grands travaux pour créer et formaliser le rôle de l’infirmière praticienne spécialisée (IPS)
L’année 2000 marque le début des travaux pour l’instauration du rôle de l’infirmière praticienne au Québec. Contrairement à ce qu’on peut voir dans les autres provinces canadiennes et dans plusieurs pays, le Québec développe le rôle des IPS par classes de spécialité plutôt qu’en tant que généraliste. Ça signifie que leur formation de 2ème cycle universitaire est déjà balisée et unique à chaque classe de spécialité. En effet ailleurs dans le monde, les IP généralistes se spécialisent plutôt au cours de leur pratique clinique. Au Québec, ces infirmières porteront le titre d’infirmière praticienne spécialisée (IPS).
Avec la population vieillissante, de plus en plus de personnes sont atteintes de maladies chroniques avec présence de comorbidités. Le nombre d’hospitalisations en hausse, la réduction des lits disponibles dans les hôpitaux et la chute du nombre d’effectifs médicaux ont fait place aux discussions sur le développement du rôle de l’IPS. La pertinence de la création du rôle de l’IPS s’inscrivait également dans le désir de faire évoluer la pratique infirmière avancée au Québec ainsi que dans le besoin de réglementer les projets pilotes en cours en néonatalogie. Ce déploiement d’IPS était également soutenu par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et différentes associations médicales en cardiologie et en néphrologie. Les objectifs étaient d’une part, d’augmenter l’accessibilité au système de santé, de maintenir la qualité et la continuité des soins et, d’autre part, de diminuer les coûts reliés au système de santé. À cette époque, trois spécialités seront priorisées, soit la cardiologie, la néonatalogie et la néphrologie.
2002 – Premier programme de formation universitaire
Tout débute en 2002 par l’adoption de la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé (PL 90) à l’Assemblée nationale du Québec. Cette loi amène de nouvelles activités partageables notamment entre les médecins et les infirmières. D’importantes modifications seront apportées, en cohérence, au Code des professions du Québec et aux dispositions législatives, dont la Loi sur les infirmières et infirmiers (LII) du Québec déléguant aux infirmières certaines activités médicales. C’est à la suite de ces modifications que le rôle de l’IPS sera créé en 2003.
À l’automne 2002, le premier programme de formation universitaire débute à l’Université de Montréal soit en cardiologie et en néphrologie. À l’hiver 2003, l’Université Laval emboîte le pas. Le tableau suivant montre les actes délégués aux IPS à la suite de l’adoption du projet de loi 90, entré en vigueur le 30 janvier 2003, ainsi que quelques exemples.